Chronique du Lundi 03 janvier 2011
Une voix superbe paralysée par le trac
Lucien J. (30 ans, étudiant en comédie musicale)
Bonjour monsieur.
C’est un ami commun, Jean-Pierre G. qui m’a conseillé de prendre
contact avec vous. Je suis étudiant à l’école de comédie musicale (x).
Jean-Pierre est persuadé que j’ai une belle voix et toutes les qualités
pour me faire une place dans ce domaine ! Seulement, chaque audition
devant un jury occasionne chez moi une véritable panique. Je perds tous
mes moyens. J’envisage, si cela continue, d’abandonner mon rêve de
devenir un jour chanteur. Je lutte, mais rien n’y fait. Une vraie «
cuirasse » me serre la poitrine et m’étouffe chaque fois que je dois
chanter. Peut-on espérer une solution ? Jean-Pierre pense que oui ! Je
suis au (x). Bien à vous. Lucien.
Ma réponse :
Lucien. J’ai connu
moi aussi un trac paralysant lors de mes études au CNSMP. Plusieurs
solutions existent pour en venir à bout. C’est quelquefois long et
difficile… tout dépend de la cause. Il faut que nous parlions de cela
tranquillement. Je vous appellerai demain pour que nous fixions un
rendez-vous. A bientôt. Jean Laforêt.
Le bilan vocal de Lucien
Il a eu lieu un soir de la semaine suivante. Très à
l’heure, j’ai vu arriver un grand jeune homme châtain-clair. Il m’a
paru parfaitement à l’aise dans ses baskets ! Son regard bleu, très
intelligent, m’a souri un instant, juste avant qu’une belle voix grave
ne réponde à mon bonjour. Nous nous sommes assis et la conversation,
précédant toujours le bilan vocal proprement dit, a commencé. Lucien
est lauréat de l’une de nos grandes écoles et parle couramment
plusieurs langues. Il a une affection particulière pour la danse qu’il
pratique depuis un certain temps et prend régulièrement des cours de
théâtre. Il a également étudié le piano et le chant. Depuis un an, il
est élève dans une école de comédie musicale.
Cette discipline réunit,
en somme… tout ce qu’il aime ! (*)
(*) Ce garçon
aurait pu prétendre rapidement à un rang social de haut niveau mais a
préféré tenter de réaliser son rêve : devenir chanteur de comédie
musicale. Son ardent désir de réussir ne fait aucun doute… il a
vraiment le « Feu Sacré » ! Une telle motivation me l’a tout de suite
rendu sympathique.
Moi-aussi, j’ai eu (et j’ai toujours) « Le Feu Sacré » !
Son problème, qu’il a développé ensuite, se résume à
ce qu’il m’avait écrit dans son mail : un trac paralysant l’envahit
chaque fois qu’il doit chanter ! On entend à peine sa voix dans ces
moments-là ! Il m’a reparlé de la fameuse « cuirasse » qui serre sa
poitrine lorsqu’il chante… en me précisant que, dans la vie courante,
il n’est pas du tout stressé ! En revanche, « en théâtre et en danse »,
ça va plutôt bien ! Il a aussi insisté sur le manque d’homogénéité de
ses registres vocaux ! (*)
(*) Il ne s’est
confié sur aucun problème « psychologique » qui aurait pu expliquer cet
état de fait. Selon moi, il existe certainement ! J’ai senti qu’il
fallait laisser du temps au temps…
Voir pour information le billet : « Le trac » !
Les tests vocaux, réalisés torse nu et ventre libre,
ils ont été très probants ! Après quelques exercices variés, j’ai dit à
Lucien qu’il possédait, à mon avis, une très belle voix de basse
chantante qui serait même susceptible, après un sérieux travail
technique, de lui permettre de chanter certains rôles… d’opéra !
L’étendue que nous avons explorée était sensiblement de deux octaves
(fa1/mi3). Le grave et le médium de cette voix étaient puissants et
bien colorés. J’ai noté cependant un léger « nasillement », sur les
voyelles ouvertes, dans le médium. Une voix pareille, « diminuée » par
le trac au point de ne presque pas être entendue à quatre mètres…
c’était fort de café ! J’ai testé les « i » et les « é ». Serrés, comme
chez beaucoup de chanteurs débutants, ils paraissaient cependant
pouvoir s’ouvrir assez facilement. Deux points sombres : la respiration
et l’Appui étaient loin d’être parfaits. (*)
(*) L’inspiration
n’était pas une inspiration profonde. De surcroît, elle se faisait en
deux temps, occultant la respiration dorsale. Cela avait pour
conséquence de perturber le soutien abdominal au moment de l’émission.
La voix, ne pouvant trouver son « Appui » au « Hara », le faisait
beaucoup plus haut dans le buste, limitant considérablement les
possibilités d’émission. Il faudrait corriger cela mais… le problème
principal de Lucien était sûrement ailleurs !
En revanche, un aspect technique plus sérieux
obscurcissait le tableau : Lucien avait un larynx particulièrement
indocile ! Sur « â » notamment, il commençait à monter allègrement dès
do3 ! Le deuxième passage ne s’effectuait pas sur cette voyelle ouverte
(comme, d’ailleurs, sur « è ») ! Comme dit plus haut, les « i » et les
« é », voyelles fermées, s’annonçaient moins problématiques. (*)
(*) J’ai pensé
qu’avec un grave et un médium « naturellement » assez bien installés,
ce problème de larynx ne serait qu’un incident de parcours dont nous
viendrions facilement à bout !
J’ai remarqué aussi une justesse d’intonation
quelque peu approximative… Cela non plus n’était pas dramatique et
venait, à mon avis, uniquement de la pose de voix. L’oreille ne me
parut pas vraiment en cause.
« Apparemment, rien de très grave dans tout cela… j’avais vu tellement
pire ! L’aspect psychologique restait à mon avis le problème majeur ! »
Lucien m’a appris que les morceaux qu’il travaillait à son école
étaient plutôt aigus… il pensait d’ailleurs être baryton ! Il a ajouté
que, dans la comédie musicale, il existait peu de rôle pour les voix
graves ! (*)
(*) C’est tout à
fait vrai : les chanteurs les plus gâtés dans cette discipline sont
principalement les ténors et les barytons « plus ou moins légers ».
Il était évident que les tessitures qu’il employait
le plus souvent, trop aiguës pour sa voix, avaient naturellement pour
conséquence de faciliter constamment une ascension anormale du larynx !
Lucien était – selon moi - tout à fait basse, malgré un timbre
relativement clair. Cette « gymnastique » laryngée pérennisait son
défaut d’émission en entretenant un serrage de la gorge… et du corps !
« Toutes ces causes, s’additionnant sur un terrain
que je subodorais « psychologiquement fragile », perturbé peut-être dès
l’enfance… ou à l’adolescence (l’avenir nous le dirait), pouvaient
difficilement donner autre chose que le problème qui s’étalait devant
nous. »
Heureusement, Lucien était également élève dans un
conservatoire d’arrondissement et cela ne pouvait que me convenir. Il y
interprétait forcément des morceaux plus adaptés à sa tessiture. Ceci
aurait dû « contrebalancer » cela ! Apparemment, il n’en était rien !
Cependant, je ne m’inquiétais pas trop. J’avais
résolu des cas apparemment tellement plus difficiles ! J’étais même
plutôt excité par ce problème à « multiples facettes » ! Une très belle
voix à placer, une réelle vocation à encourager… « Démarrer un tel
challenge avec mes outils - dont je connais l’efficacité - je le
répète, m’excitait ! »
J’ai dit à Lucien – qui s’en doutait un peu - que
son problème de serrage (corps et voix) avait à mon avis, en plus du
côté purement technique qu’il faudrait bien sûr corriger, une énorme
connotation psychologique… que le trac paralysant dont il souffrait
n’était que la somatisation « physique » d’un mal « psychique » plus
profond ! Il n’a pas renchéri mais ne m’a pas contredit non plus…
Décision de travail
J’ai souhaité que nous fassions un « cours vocal
intégral » (travail profond sur la voix). Celui-ci, tout en la plaçant
au mieux (elle en avait grandement besoin), contribue toujours, par
interaction, à améliorer l’aspect psychologique éventuellement
responsable du trouble vocal… quel qu’il soit ! (*)
« C’est l’expérience qui me dicte ces mots. »
(*) En effet,
j’étais certain que le travail « intégral », très désinhibant de
surcroît, agirait comme une véritable thérapie sur le trac dont
souffrait Lucien. J’étais convaincu (comme dit plus haut) que la
fameuse cuirasse étouffante qu’il décrivait n’était que la «
somatisation » d’un mal plus profond.
J’ai donc terminé mes explications en lui recommandant vivement ce
travail qui me paraissait tout à fait indiqué dans son cas ! J’ai
ajouté que, s’il suivait mes recommandations à la lettre, j’avais bon espoir de le « guérir ».
Sa décision a été immédiate. Nous commencerions dès que possible ! Ce fut la semaine suivante où deux cours furent programmés !
Voir le billet : « Le chant thérapie, un travail vocal intégral »
Nous avions opté pour des leçons de deux heures
afin de pouvoir travailler à fond, tranquillement, sans aucune
précipitation. (*)
(*) J’avais eu
tout de suite conscience que l’avenir « musical » de ce garçon - et son
bonheur tout court - étaient en jeu ! Je savais également fort bien
quels terribles ravages une vocation artistique contrariée pouvait
engendrer ! De surcroît, j’étais sûr de pouvoir l’aider…
Les premières leçons
La coopération de Lucien a été parfaite. Ayant une
confiance absolue en moi, il a souscrit à 100% à toutes mes exigences.
Nous faisions une relaxation et un travail couché (massage et taïchi)
très complet. Rapidement, il a infiniment apprécié toute cette partie
du cours, se rendant bien compte qu’elle lui apportait quelque chose de
nouveau et de « très rassurant ». Dans un premier temps, j’ai
naturellement repris toute la technique de base en position allongée
(souffle abdominal et séries de cris divers…) ! Certains exercices de
Taïchi (venant du Yoga) dont je connais l’efficacité, nous ont aussi
aidés à replacer sa respiration.
Voir le détail de ce travail dans les billets :
« La technique vocale fondamentale » et « Les fondamentaux de la technique vocale »
Vocalisation
En fin de séance, nous consacrions toujours au moins
trois quarts d’heure à une vocalisation simple ! J’ai employé au tout
début la voyelle « ô », chantée sur des quintes ascendantes. Dès sol2,
cette voyelle se colorait en « o » (de Paul), indiquant par là qu’elle
partait à l’arrière, quittant la zone de résonance. Il a fallu
plusieurs leçons pour corriger « en partie » ce défaut. (*)
(*) Seulement «
en partie » car, même beaucoup plus tard, bien que restant « ô », cette
voyelle avait beaucoup de mal à se « bâiller ». Dès si2/do3, elle ne se
« déployait » pas et prenait un aspect plus ou moins réduit et « tubé
».
Un jour, où les quintes sur « ô » n’étaient pas très
justes (comme dit plus haut, son oreille n’était pas parfaite) il
m’avoua :
- Petit, je chantais souvent faux…
- Tu crois que ça a pu te marquer au point de perdre confiance en toi ?
- C’est possible ?
- Oui… cela pourrait être « une » des causes provoquant la « cuirasse » dont tu me parles !
- J’ai souvent peur de chanter faux… ça me bloque peut-être ?
- C’est du domaine du possible… Cependant, sois rassuré ! Chez toi, cela s’arrangera très vite !
Progressivement, il commençait à me parler…
Comme j’avais remarqué au bilan que ses « i » et ses
« é » se desserraient assez facilement, je lui ai indiqué dès les
premières leçons, le moyen de mieux les « ouvrir » ! Assez vite, nous
avons réussi à atteindre mib3 (voire mi3) avec ces voyelles latérales
fermées en arpèges semi-rapides, alors que « do3 » (voire moins)
constituait toujours son « plafond correct » sur « â » en voix pleine !
Au-delà, son larynx montait et sa gorge se serrait terriblement (*)
(*) Malgré la grande
habitude que j’ai de ce défaut, somme toute « courant », je n’arrivais
que très difficilement à le limiter chez Lucien ! J’ai imaginé alors me
servir plus tard des « résultats probants » obtenus sur les voyelles
fermées « i/é » pour faciliter cette fameuse couverture et le 2e
passage correct de « â » !
Voir, pour le travail sur « i » et « é », le billet : « La couverture de la voix (deuxième partie) »
L’ennui, c’est que, même après plusieurs mois de
cours, dès do#3/ré3, sur « â », malgré explications et exemples de
toutes sortes, son larynx montait toujours aussi allègrement,
dénaturant complètement la consistance de la voyelle ! Nous avions fait
de gros progrès d’ordre généraux mais la « vraie » stratégie du
deuxième passage en voix pleine sur les voyelles ouvertes échappait
toujours à Lucien ! (*)
(*) L’intensité du
son diminuait, la voyelle s’éclaircissait et rien ne paraissait pouvoir
faire évoluer cet état de choses ! A partir de ré3, la magnifique voix
de basse prenait des allures de ténor étriqué !
Son nasillement
Il était relativement léger. Il montrait le « bout de son « nez »
(c’est le cas de le dire) dans le médium, principalement sur « â » et «
è ». Nous sommes arrivés, à force de colorations appropriées et de
travail sur les nasales, à le faire « presque » oublier. (*)
(*) En premier
lieu, pour corriger le « nasillement », il faut apprendre à nasaliser
correctement les sons « on » « an » « in ». Quelquefois, cela ne suffit
pas !
C’était le cas de Lucien. Un jour, la curiosité m’a
poussé à lui demander de me montrer le fond de sa gorge. Armé d’une
lampe de poche, j’ai découvert avec stupéfaction que ses amygdales
étaient excessivement volumineuses ! Très gonflées, elles ressemblaient
à deux énormes « cerises », qui gênaient – à mon avis - le jeu du voile
du palais ! J’en avais vu de semblables chez un élève souffrant
également d’un nasillement ! Il s’était fait opérer et tout était
rentré dans l’ordre définitivement. De surcroît, sa voix s’en était
même trouvée très améliorée et le deuxième passage facilité.
J’ai fait part de cet exemple à Lucien. Je lui ai
dit aussi qu’une ablation des amygdales à l’âge adulte n’est pas sans
comporter certains risques pour un chanteur ! La voix peut être
modifiée si le geste du chirurgien n’est pas parfait. Cette éventualité
est rare mais… existe. On peut, paraît-il, dans certains cas, les faire
seulement « trancher » ! Les risques seraient ainsi presque nuls car,
de cette façon, l’intervention ne concernerait que leur partie
supérieure. La balle est maintenant dans son camp. Le mieux – s’il se
décide un jour – sera alors de consulter un ORL. Pour l’instant, c’est
un peu délicat car, pour une telle intervention, un arrêt total du
chant est obligatoire un certain temps et… ce n’est pas vraiment le
moment !
Une motivation sans faille
Malgré « vents et marées », la belle motivation de
Lucien restait intacte. Il sentait tout l’intérêt de nos cours, bien
qu’il n’arrive pas encore à « utiliser » tous les éléments techniques
que je lui transmettais.
Les difficultés que nous rencontrions avaient aussi des conséquences
très heureuses sur mon enseignement. Cet « écueil » m’obligeait à des
recherches toujours plus pointues… (*)
(*) J’essayais passionnément maintes astuces… pour déclencher chez lui le fameux « déclic » de la couverture dynamique !
L’ennui était que Lucien accordait beaucoup trop de place à « l’intellectualisation » et pas assez au « ressenti » !
« Qu’importe, je m’investissais à fond dans les
études vocales de ce garçon. Il était très attachant et mon désir le
plus cher était qu’il réussisse dans le métier qu’il aimait par-dessus
tout ! » Pour cela, il fallait tout d’abord « passer » correctement sa
voix ! C’était la « porte obligée » pour accéder à son aigu et à la
plénitude de ses moyens !
Confidences
Au fil des leçons, nous sommes devenus plus proches.
Il m’a laissé progressivement accéder à plusieurs de ses secrets les
plus intimes. J’ai découvert ainsi que certains étaient susceptibles
d’expliquer « en partie » la raison psychologique de son trouble vocal.
Le « pourquoi » de la fameuse somatisation qui lui jouait de si vilains
tours s’éclairait pour moi d’un jour nouveau, libérant des contours
plus nets !
« J’étais très fier de la confiance qu’il me témoignait. Je
ne lui parlais jamais de mes « réelles » déductions… laissant le temps
au temps !
Je n’essayais pas non plus de forcer ses confidences. Je
savais fort bien qu’elles se devaient d’être voulues pour être «
libératrices ».
En revanche, j’étais absolument sûr d’une chose : ce
garçon méritait « vraiment » ce qu’il appelait si ardemment de ses vœux
! Autre certitude : je ferais tout ce qui était en mon pouvoir pour l’y
aider.
Mais, revenons au déroulement de notre progression…
Gymnastique vocale
Parallèlement au travail décrit plus haut, j’avais
ajouté à notre programme l’étude de la gymnastique vocale.
Progressivement, nous avons fignolé tous les éléments qui la composent.
Au bout de quelque temps, parfaitement intégrée, elle était devenue
notre incontournable « mise en voix » ! Elle a grandement contribué à
tonifier sa musculature « articulatoire » et, par là, à améliorer sa
diction. Sa respiration dorsale s’est aussi beaucoup affirmée grâce à
elle. (*)
(*) Tout en
libérant sa voix grâce aux quintes syllabiques chantées (très
énergiquement) « forte » avec un bon appui abdominal réflexe, Lucien
évacuait en même temps de multiples tensions internes ! En général, de
nombreux et profonds bâillements ponctuaient très souvent nos séances…
Voir des détails sur cette gymnastique dans le billet :
« L’articulation dans le chant »
Voix de fausset, voix mixte
La fameuse couverture dynamique de « â » brillant
toujours par son absence malgré tous nos efforts, j’ai « décidé » de
l’oublier un peu ! Elle viendrait forcément en son temps ! Nous avions
d’autres domaines à explorer ! Ainsi, tout en continuant intégralement
notre travail allongé, notre gymnastique vocale et notre vocalisation,
j’ai amorcé avec Lucien l’étude de la voix de fausset et de la voix
mixte. Par ce biais, je continuais d’ailleurs, entre autres, à lui
inculquer le bon geste vocal (amenant à la couverture dynamique) sans
aucun risque de forçage. (*)
(*) Ce geste est en
effet strictement identique à celui de la voix pleine - appui du
souffle mis à part - tout en étant sans risque pour la voix. Lucien m’a
appris à ce moment-là que personne ne lui avait jamais enseigné ces
émissions-là…
Nous avons beaucoup « affiné » ces voix de tête.
Elles restèrent par la suite toujours présentes dans notre programme.
Ces « découvertes » ont été pour lui excessivement salutaires et ont
beaucoup contribué à corriger sa justesse (*)
(*) En effet, j’ai
toujours constaté qu’un travail sur des fréquences hautes - comme dans
le fausset et la voix mixte où l’on atteint facilement (et sans risque
pour la voix, je le répète) le do4 (voire beaucoup plus) – aide
énormément, entre autres, à améliorer la justesse de la voix pleine !
En peu de temps, il a acquis une assez bonne
maîtrise de ces émissions, donnant relativement facilement – dans
chacune d’elles – de très jolis si3 et do4 – sur « i » et « â ».
Voir pour information le billet « La voix « mixte-appuyée ».
Les progrès s’affirment
Cahin-caha, des progrès importants continuaient à
voir le jour… mais toujours pas de deuxième passage plein « sur « â »
vraiment abouti ! Certains essais donnaient de bons résultats mais rien
de vraiment concluant n’en subsistait !
La justesse, en revanche, s’affirmait. Les sons approximatifs (qu’il
appelait : ses petites « faussetés ») s’étaient faits progressivement
de plus en plus rares pour disparaître bientôt tout à fait !
Parallèlement, il va de soi que notre programme
s’était peu à peu enrichi de tous les exercices principaux qu’un
chanteur se doit de travailler pour acquérir une bonne maîtrise de sa
voix !
Lire des précisions à ce sujet dans le billet : « Le cours de technique
vocale type »
Nos points noirs
Lucien participait assez souvent à des spectacles plus ou moins «
patronnés » par son école de comédie musicale. Dans ces moments-là – à
cause des tessitures élevées et, bien sûr, mal cernées – qu’il devait
assurer, sa voix était forcément tiraillée dans le mauvais sens ! Cela
retardait fatalement son bon placement ! (*)
(*) Ces spectacles
avaient cependant un côté positif : le mettre en difficulté sur une
vraie scène. Pour cette raison, je les approuvais sans réserve.
Un autre élément défavorable – et également
incontournable - était la préparation de concours, trimestriels ou
autres, où les scènes qui lui étaient attribuées allaient - toujours de
par leurs tessitures trop élevées - à l’encontre de la pose de voix
correcte que j’essayais de lui inculquer. Tout était trop haut pour lui
et le tiraillement de son larynx était le prix à payer pour avoir une
chance d’atteindre les notes requises ! Il s’inscrivait aussi à des
castings divers et variés où les extraits demandés étaient rarement
(presque jamais) des airs lui convenant vocalement ! Tout cela n’allait
pas dans le bon sens mais… qu’y faire ? Les castings étaient pour lui
des passages obligés ! Ils faisaient partie intégrante du métier qu’il
avait choisi. Ils avaient également l’avantage de le confronter à ses «
démons » et cela était très positif !
Beaucoup de compliments
Néanmoins - et de plus en plus - des compliments sur
ses progrès vocaux lui parvenaient de sources les plus diverses
(professeurs de son école, metteurs en scène de spectacles auxquels il
participait, certains de ses collègues de son école ou du
conservatoire, etc.) Lucien, visiblement, était heureux de cela. Son
moral, grâce à ces encouragements, se maintenait malgré l’absence de
cette sacrée « couverture » qui, si elle pointait parfois un bout de
son nez, se faisait encore pas mal tirer l’oreille. Il avait cependant
la certitude d’avancer et m’en faisait part quelquefois. Oui, c’était
une certitude : il avançait beaucoup ! (*)
(*)
Indépendamment, j’avais moi aussi des échos de personnes l’ayant connu
auparavant et qui témoignaient sans réserve de ses énormes progrès
Au
fil des cours, j’essayais toujours, inlassablement, tout ce qui était
possible pour favoriser cette fameuse « bascule » si importante et si
récalcitrante chez Lucien ! Je dis volontairement « chez Lucien » car,
avec d’autres élèves, même parfaitement débutants, ce même problème
n’existait pas ou se réglait très vite !
Voir, pour des détails sur le deuxième passage de la voix pleine, notamment sur les voyelles ouvertes, le billet : « La couverture de la voix (première partie) ».
Un avantage
Cependant, mon chanteur avait un avantage certain
sur beaucoup : son infatigabilité vocale ! Il était en effet très
résistant de ce côté-là. C’est ce qui, à mon avis, avait rendu
possible, sans nodules ou autres traumatismes, les excès dont il était
coutumier sur le plan vocal ! (*)
(*) Dans notre
travail, cela avait aussi l’avantage de nous permettre de pouvoir
recommencer plusieurs fois, avec un minimum de risque, certains
exercices… ce qui aurait pu se révéler dommageable pour une voix plus
fragile.
Parlant de ce fameux « deuxième » passage sur « â » et de sa problématique couverture, il me dit un jour, presque abattu :
- Je n’y arriverai jamais !
- Mais si, seulement, il faut être patient ! Tu
chantes depuis trop longtemps avec un larynx haut… et les tessitures
que l’on t’impose sans arrêt ne sont pas faites pour arranger les
choses ! Elles entretiennent de mauvais réflexes !
- Que faire ?
- Nous n’y pouvons rien. Il faudrait arrêter
complètement tes études de comédie musicale et tout ce qui va avec… et
cela me paraît impossible ?
- En effet !
- A mon avis, la bonne méthode aurait plutôt
consisté à placer ta voix correctement avant de commencer de telles
études… et non l’inverse !
- …
- Je comprends d’ailleurs difficilement que l’on
t’ait accepté à cette école, sachant pertinemment que tu n’étais pas
prêt vocalement et que, de surcroît, très peu de rôles étaient
susceptibles de convenir à ta voix…
- Le cursus, qui dure deux ans, comprend aussi des
cours de technique vocale. A cause de cela, je ne pensais pas avoir de
problèmes particuliers avec ma voix ! Elle a toujours été solide…
- Je comprends. Mais, placer une voix n’est pas toujours simple… Tu t’en rends compte maintenant ?
- Oui, bien sûr !
L’enracinement
Cependant, en jouant à fond - et avec diverses
méthodes - la carte de « l’enracinement », je constatais qu’un mieux se
faisait jour peu à peu ! Il est certain que ces exercices nous ont
beaucoup servis. Ils avaient l’avantage de nous aider favoriser l’Appui
et de permettre, aux portes de l’aigu, une couleur vocale plus sombre
et une gorge mieux ouverte. Ainsi, grâce à eux et de plus en plus
souvent, le ténor-léger s’éloignait pour céder la place à un baryton
encore un peu trop clair ! C’était un début très encourageant ! (*)
(*) Je me dois de
préciser ici une chose importante : Lucien jouissait d’une très bonne
compréhension technique ! Il n’arrivait tout simplement pas à «
concrétiser » physiquement ce qu’il comprenait « parfaitement » ! Comme
dit plus haut, il « intellectualisait » trop, au détriment du «
ressenti » !
C’est un défaut qui, en général, n’aide pas !
Voir des détails sur l’enracinement dans le billet : « Comment sortir mes aigus »
Le trac de Lucien s’éloigne…
Nous remportions là une victoire incontestable !
Depuis quelque temps, son fameux trac était en nette régression et
cédait du terrain à vue d’œil ! En fin de cursus, Lucien a obtenu
toutes les récompenses prévues dans son école de comédie musicale. Il a
pu passer ses examens sans sa fameuse cuirasse habituelle (ou, tout au
moins, avec une cuirasse très allégée) ! Sa voix était plus libre, plus
facile et portait mieux. Au conservatoire (x), où il travaille en
parallèle, une médaille lui a été également décernée en classe de scène
au concours de fin d’année !
De surcroît, il a été remarqué et retenu sur plusieurs castings !
Ouf !
Tout cela me plaisait beaucoup et apportait de l’énergie à son moral !
Programme de chant
L’année suivante, ses études à l’école de comédie
musicale étant terminées, ses « obligations » vocales étaient plus
légères. De ce fait, pour concrétiser nos « avancées », nous avons
convenu très sérieusement d’un programme de chant à respecter au cours.
Certaines pièces de Vaccaj et quelques airs classiques particulièrement
adaptés à sa voix ont été prévus à ce moment-là et « placés » sur «
notre établi », en vue d’étude approfondie… Malheureusement, je n’ai vu
ces morceaux que d’une façon très… épisodique. Nous ne les avons
pratiquement jamais travaillés ensemble ! Dommage, car ils auraient été
particulièrement indiqués pour appliquer la technique enseignée ! (*)
(*) Par exemple,
il faut savoir que les leçons de Vaccaj sont profitables seulement si
elles sont chantées avec une bonne émission. Dans le cas contraire,
elles ne causent aucun mal… mais apportent peu de bien ! Il en va bien
sûr de même pour les morceaux plus conséquents !
« A sa décharge, Lucien, ayant été retenu sur
plusieurs casting, était souvent très pris par des répétitions. Le
temps lui faisait sans doute défaut pour travailler les choses que je
jugeais, moi, essentielles ! »
Gardant l’espoir, je me contentais donc des
exercices de vocalisation que nous faisions habituellement pour essayer
de déclencher… ce qu’il restait toujours à déclencher : la fameuse
bascule de « â » en position aiguë ! Les « i » et les « é », de par
leurs caractéristiques de voyelles « fermées », s’étaient encore
améliorés. Lucien les maîtrisait de plus en plus (des mi3, voire fa3
devenaient maintenant possibles) mais ces voyelles ne bénéficiaient pas
encore d’un espace de bâillement suffisant pour rayonner largement ! (*)
(*) Il est
indispensable de réussir le bâillement des voyelles ouvertes (â/è) pour
développer toutes les possibilités d’une voix. Chez Lucien, la porte de
l’aigu était encore trop étroite !
L’aperto-coperto !
Un jour particulièrement « faste » où, bien
enraciné, mon chanteur avait réussi ses « â » avec plus de bonheur qu’à
l’accoutumée, j’ai décidé de tenter de lui faire essayer sur cette
voyelle un « Aperto-Coperto » d’attaque, tel que je le conçois. La voix
bien chaude et après avoir chanté très correctement - sur â - quelques
arpèges d’accords parfaits en donnant des si2 do3 et do#3 légèrement
tenus, avec un bon Appoggio (*), nous avons tenté « l’opération » sur un mib3.
(*) J’entends par « Appoggio » la relation équilibrée unissant l’appui abdominal et la place vocale !
Lucien avait une voix solide, nous ne risquions pas
grand-chose d’essayer ! Pour réussir ce geste, il faut projeter sa voix
dans le but d’atteindre une note située au-dessus du 2e passage. Le
mib3 choisi lui convenait donc parfaitement !
Pratique
Dans l’instant précédant l’attaque, la gorge doit être absolument «
disponible », libre de toute contraction (et de toute formation
anticipée d’un moule quelconque), comme si le chanteur voulait réaliser
souplement un « a » tout ouvert : c’est l’Aperto ! Il faut donc
attaquer la note choisie « Aperto » mais celui-ci ne dure qu’une
fraction de seconde. Il est immédiatement suivi dans sa trajectoire par
le « Coperto » qui, simultanément, réalise de par la couleur acquise
(fréquence du mib3 en l’occurrence), l’ouverture arrière de la gorge,
ressentie comme une légère traction en direction de la nuque.
L’exécution de ce « geste » est expliquée très en détail dans le billet : « L’Aperto-Coperto, son approche technique »
Eurêka !
Ce moment fut un moment béni ! Tout notre travail
s’est vu récompensé en quelques secondes. En parfaite position
statique, attaquant « souffle arrêté » au-dessus du futur son,
exactement comme il se doit, Lucien a lancé un mib3 parfaitement
correct, comportant exactement le dosage d’harmoniques idéal ! Le son,
amené par une couverture dynamique parfaite, rayonnait à l’extérieur
tout en s’appuyant harmonieusement dans son corps ! Le ténor « étriqué
», à cet instant précis, avait complètement disparu, cédant la place à
une basse chantante émettant un magnifique mib3 « Aperto-Coperto »
(ouvert-couvert) ! Il le tint environ quatre secondes ! Comptez… c’est
assez long !
Le son avait tourné ! (*)
(*) Le « son
tourne » est une façon de dire que, après être passé sans aucun serrage
en position aiguë, son « retour » s’effectue dans le masque, en place
idéale de résonance et de projection !
Note importante sur l’Aperto-Coperto :
Correctement exécuté, il n’a strictement rien à
voir avec la fameuse couverture « ampoulée », appelée injustement «
lyrique » par certains ! Dans le véritable « l’Aperto-Coperto », la «
latéralisation » de l’ouverture de gorge est respectée ! Pour mon
compte, je l’appelle volontiers la couverture « dynamique » ! «
L’Aperto-Coperto » n’a rien d’une « cloche » ou d’un « capuchon » ! Il
est donc parfaitement adapté à toutes les émissions : y compris à celles des "bons"
chanteurs de comédie musicale !
Toute la fin de la leçon a été consacrée à refaire cette merveille
des dizaines de fois, avec des exercices différents.
Nous l’avons "travaillée" notamment avec des arpèges… où ce geste
technique est perçu autrement ! Ensuite, les voyelles latérales « i » «
é » et « è », arpégées en alternance avec « â », suivirent le même
chemin et trouvèrent leur espace de résonance idéal ! (*)
(*) Dans ces moments-là, la puissance vocale de Lucien était multipliée par quatre !
J’ai profité de cet état de grâce pour lui faire
chanter quelques modulations sur : â é i ô u i. Elles furent parfaites
de mi2 à ré3, chose impensable la semaine précédente ! (*)
(*) N’oublions pas
que réussir une modulation signifie obtenir que toutes les voyelles qui
la composent soient « bâillées » lentement, avec la même intensité, sur
la même note ! L’exercice doit être réalisé parfaitement legato
délivrant des sons libérés, « puissants et beaux ». La modulation « â é
i ô u i » dure à peu près sept secondes ! C’est long !
Ce jour-là, à la fin de la leçon, c’est un Lucien
ému et rayonnant qui m’a embrassé en me quittant. J’avoue que j’étais
aussi très ému et follement heureux de ce résultat qui s’était
tellement fait attendre ! Ouf ! Je savais maintenant, d’une façon
certaine, que… c’était possible !
Coup de froid
En revanche, le cours suivant vit arriver un
chanteur qui, ayant égaré sa « couverture »… avait pris froid ! Je me
doutais bien un peu que le « miracle » mettrait un peu de temps à
s’installer… (*)
(*) Lucien avait, avec ses activités diverses, perdu les bonnes sensations acquises au cours précédent !
Ce risque était connu et incontournable !
Nous avons travaillé et, tant bien que mal, retrouvé à peu près notre deuxième passage si bien réussi la semaine précédente !
Voix mieux structurée
Cependant, à partir de cette époque, sa voix demeura
mieux structurée, beaucoup moins étroite dans l’aigu ! Des « ré3 »
tenus, relativement consistants, étaient pratiquement assurés à chaque
cours. Les voyelles ouvertes commençaient à se réaliser de plus en plus
correctement. Des fa#3 (voire sol3), assez bons, furent même parfois
atteints sur « â » en exercices rapides ! Les voyelles « fermées »,
elles, gagnaient en volume !
Il me parut alors « vraiment » indispensable de faire travailler à
Lucien quelque beau morceau classique bien adapté à ses nouveaux
progrès ! Je lui ai demandé d’apprendre « Le Pas d’arme du roi Jean ».
La version pour « basse » de cette très belle mélodie de Camille
Saint-Saëns lui permettrait d’installer et de mettre en relief, en plus
de son grave, son haut-médium et son aigu « couvert » tout neuf ! (*)
(*) Elle
comportait tout ce qu’il fallait pour être le magnifique « morceau de
référence » qui le suivrait toujours ! Quelque temps après, il m’a dit
avoir « commencé » à l’étudier au conservatoire. Quant à moi, je ne lui
ai jamais entendu chanter au cours… dommage !
Spectacles
J’ai eu l’occasion de voir assez souvent Lucien sur
scène. Encore récemment, j’ai assisté à plusieurs spectacles où il
figurait dans des rôles intéressants. Je dois dire que lorsque la
tessiture de son personnage convient à sa voix, il me fait toujours une
excellente impression. De plus, même si certains passages « aigus » ne
sont pas toujours chantés dans la bonne « position » vocale, ces
prestations ont le mérite d’affirmer que, d’une façon générale, il a
beaucoup gagné en aisance. Ce point est très positif et très important
car il ouvre la voie à « toujours plus » de confiance, donc à «
toujours plus » de libération générale et… vocale !
« Les techniques apprises ont ainsi plus de chance de pouvoir s’exprimer pleinement… »
Au fil du temps, j’ai constaté également de nombreux
progrès « purement scéniques » qui, eux-aussi, ont « fleuri » grâce à
une « confiance en lui » très améliorée. J’ai observé notamment plus de
liant dans les mouvements du corps, une gestuelle plus fluide et une
articulation plus tranchée !
En somme : un meilleur « lâcher prise ». Il « ose » davantage se « donner » ! (*)
(*) « Je suis toujours très ému et très fier de le voir sur scène, même si le trac me gagne à chaque fois (chacun son tour) ! »
Un petit bémol : j’ai eu aussi, au fil de ces
spectacles, parallèlement aux progrès énoncés plus haut, l’impression «
moins réjouissante » que son timbre, auparavant si riche dans le grave
et le médium, tendait à perdre un peu de ses qualités. Sa voix,
quoique toujours belle dans ces registres me semble à la fois moins
pleine et moins onctueuse. Le fameux « creux » (l’apanage des basses)
paraît se combler doucement ! (*)
(*) Les nombreuses
occasions (notamment en public) où il doit « tirer » sur ses aigus pour
assurer « comme il peut » certaines notes problématiques expliquent
sans doute cela.
Important :
« N’oublions pas que toute voix bien émise - donc «
correctement » passée et couverte au deuxième passage - progresse dans
l’aigu sans perdre le grave. Tout au contraire, elle gagne en puissance
et en largeur dans les deux sens ! »
Il nous faudra donc songer sérieusement à endiguer
rapidement ce « défaut » qui s’installe insidieusement. Il indique que
la voix, malmenée dans l’aigu par « obligation », perd peu à peu son
assise grave. Comme Lucien continue à être performant aux cours, je ne
m’inquiète pas trop car, « autant que faire se peut », ceux-ci
contrebalancent, pour l’instant, ce défaut ! D’autant que le fameux «
deuxième passage » et sa couverture, cédant du terrain à chaque leçon,
sont presque à notre portée ! Nous sommes, à mon avis, tout près du but
!
Dès que ce résultat sera acquis, tout se mettra en place
Comme dit plus haut, un aigu chanté avec un «
Aperto-Coperto » correct libère « aussi » le grave. Un « rééquilibrage
» vocal général surviendra donc obligatoirement à ce moment-là ! Il
suffira alors de bien l’accompagner avec des exercices adéquats ! Ce
dernier point ne présente aucun problème particulier ! Une condition
cependant : réaliser le passage au bon endroit (do#3 pour Lucien)
Note relative au deuxième passage (naturellement, lorsque l’on sait l’exécuter) :
En travail vocal, il est déconseillé de « retarder
» le deuxième passage (do#3 pour Lucien) ! Le pratiquer (dans cet
exemple) seulement sur « ré3 » ou « mib3 » doit être réservé à de rares
exceptions destinées à des effets plus ou moins spéciaux car cela peut
être à la fois dangereux pour la voix et limiter la beauté et surtout
l’épanouissement de l’aigu. (*)
(*) Une basse « n’ouvre » jamais impunément des ré3 et mib3 !
Tout au contraire, pour toutes les voix, il est
plutôt conseillé d’apprendre à « anticiper » un peu ce deuxième passage
en le pratiquant (dans notre exemple) « aussi » sur « do3 » !
Autre note importante :
La voix mixte profite forcément, par « sympathie »,
des progrès réalisés en voix pleine et devient forcément de plus en
plus large, souple et puissante.
En résumé :
Une fois son passage aigu
en voix pleine réalisé correctement, tous les rôles paraîtront moins
aigus… mais aussi moins graves à Lucien ! (*)
(*) Je suppose
que sa voix pleine devrait être capable de donner relativement
facilement des « fa3 » (voire sol3), sans pour cela perdre ses fa1 ! Il
aura en plus, en cas de besoin, la possibilité de recourir à une
chaleureuse voix mixte !
Jadis, j’ai moi-même vécu tout cela…
Extension prévue
Pour obtenir et finaliser ce résultat, j’ai mis tout
récemment au point, en pensant spécialement à lui, une nouvelle
progression d’exercices qui, tenant compte de ses progrès récents,
devrait nous y conduire assez vite ! Testée sur plusieurs élèves, elle
donne actuellement de spectaculaires résultats.
« L’ultime ligne droite de notre voyage technique se dégage et laisse enfin apercevoir… le but ! »
Avenir proche
Je pense que nous pourrons bientôt affirmer nos
trouvailles en travaillant « par le menu » quelques beaux morceaux
classiques bien écrits pour la voix. Parallèlement, nous pourrons nous
lancer - c’est mon idée - dans l’étude « technique » complète d’un rôle
de comédie musicale. (*)
(*) Un pianiste sera alors indispensable à notre travail mais cela ne pose aucun problème.
Souci
En revanche, un réel souci se fait jour : l’emploi
du temps de Lucien, s’est « corsé » ! Il a trouvé récemment un
engagement de type « alimentaire » très intéressant pour lui. L’ennui
est que cela lui laisse beaucoup moins de temps pour nos cours !
C’est ainsi, nous n’y pouvons rien… il faudra faire avec !
Epilogue
J’aurais aimé pouvoir conclure ce billet, comme
souvent à l’accoutumée, sur un « Eurêka » vainqueur ! Ce ne sera
malheureusement pas le cas cette fois-ci ! J’apprends, le cœur serré,
que je n’aurai pas l’occasion de terminer ce voyage musical avec
Lucien. Je souhaitais vraiment le conduire jusqu’au bout de son chemin
mais cela – à moins d’un miracle - me paraît désormais bien compromis !
La raison en est simple ! Son agenda, toujours plus contraignant, l’oblige, par manque de temps, à arrêter les
cours qu’il prend avec moi.
J’en suis très peiné… mais qu’y faire ?
Rien, pour l’instant du moins !
Cependant, bien que son évolution vocale ne soit pas
encore tout à fait terminée, j’ai toujours confiance en sa réussite. Je
la souhaite d’autant plus que je pense l’avoir voulue aussi
passionnément que lui !
« Il est certain que les moments où nous avons «
cherché » ensemble – et surtout ceux où nous avons « trouvé » ensemble
– le guideront toujours dans le beau – et dur - métier qu’il a choisi !
»
Le « Feux Sacré » est « indestructible » !
Je suis sûr qu’il réalisera son rêve !
De bonnes graines ont été semées.
Elles germeront donc forcément.
Bonne route Lucien !
A bientôt
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Jean Laforêt