Chronique du lundi 26 décembre 2011
Ma voix se raccourcit !
James L. (23 ans – étudiant en comédie musicale)
Bonjour
monsieur. C’est (x), un élève que vous avez fait travailler qui m’a
communiqué vos coordonnées. J’ai vingt-trois ans et je souhaite être
chanteur de comédie musicale. Je chante depuis environ cinq ans sans
problème mais, depuis quelque temps, je dois forcer de plus en plus
pour obtenir ce que je faisais naturellement auparavant. On dirait que
ma voix se raccourcit ! Je suis ténor et je constate que mon grave est
de plus en plus absent et mes aigus de plus en plus difficiles ! De
plus, je me fatigue beaucoup en chantant. Je suis très inquiet car j’ai
intégré depuis quelque temps une une école de comédie musicale.
J’aimerais vous voir très vite si cela est possible. James au (x). Bien
à vous.
Ma réponse :
Bonsoir
James. Merci de votre mail dont je viens de prendre connaissance. Les «
symptômes » que vous me décrivez sont relativement clairs pour moi. Ils
découlent presque toujours d’un mauvais travail vocal, notamment dans
l’aigu ! Pour résumer : chanter mal ses aigus atteint presque
invariablement les graves ! Un bilan nous éclairera exactement
là-dessus ! Je vous appellerai demain. Bien cordialement. Jean Laforêt.
Bilan vocal
J’ai
reçu James la semaine suivante. C’est un grand garçon blond de 1,85 m,
très ouvert et très sympathique. Il m’explique avoir travaillé le chant
avec un professeur pendant deux ans (de 18 à 20 ans) et n’avoir eu
jusqu’à présent jamais de problème. Ce n’est que depuis environ six
mois qu’il se « bat » contre ce qu’il appelle le « raccourcissement »
de sa voix, accompagné d’une fatigue récurrente de celle-ci ! Son
ancien professeur, très âgé, ne donne plus de leçons et c’est l’un de
ses camarades de cours - que j’avais fait travailler - qui me l’a
adressé. Comme la plupart des jeunes gens qui se destinent à la comédie
musicale, il prend – indépendamment de son école - des cours de théâtre
et de danse. A ce propos, il me dit raffoler des claquettes !
Presque
avec nostalgie, il m’apprend qu’avant ses ennuis vocaux il chantait
quelques airs de Mozart ce qui, maintenant, lui est totalement
impossible !
Les tests
Ils
ont été réalisés torse nu et ventre libre. James a chanté a cappella
quelques lignes d’un morceau qu’il travaillait. Sa voix, non seulement
possède un très joli timbre, mais bénéficie également d’une réelle
vigueur : aucune « mièvrerie », le côté masculin y est très affirmé !
Pour tout dire, une belle voix naturelle reflétant bien son
propriétaire !
Cependant, j’ai très vite
remarqué - je constate souvent ce défaut – un blocage relatif de
l’abdomen à l’inspiration. Pour être clair : bien que n’étant pas en
présence d’une inspiration de type thoracique vraie, il était évident
pour moi que les reprises de souffle réflexes ne se faisaient pas
correctement ! Lorsqu’elles sont normales, on observe toujours une
réactivation diaphragmatique plus ou moins visible selon l’importance
de l’inspiration. (*)
(*)
La « réactivation » dont je parle n’a strictement rien à voir avec un
ventre lâché ou poussé à l’avant à l’inspiration ! J’insiste simplement
sur le fait que, même très bien réalisées (d’une manière
diaphragmatique-costo-inférieure parfaite), de toutes petites
inspirations réflexes n’échappent pas à un œil exercé. Leur absence
signe toujours une contraction inopportune qui gêne l’appui… donc, par
conséquence, la régulation idéale du souffle !
Dans
le cas de James, « la colonne d’air » ne pouvait pas se mettre en place
de façon vraiment satisfaisante et l’appui s’en trouvait
obligatoirement plus ou moins défectueux. De surcroît, ce jeune homme
était très cambré, ce qui limitait beaucoup sa respiration dorsale, la
rendant pratiquement inexistante.
Or,
l’importance « certaine » de ce qui précède ne constituait qu’une
petite partie de… l’iceberg ! En l’écoutant très attentivement, j’ai
constaté également plusieurs anomalies techniques très fâcheuses !
Tout
d’abord, ses attaques n’étaient pas faites dans la bonne place vocale.
Ce défaut, extrêmement répandu, limite considérablement la coloration
et la portée de la voix. Il gêne également la bonne exécution du
deuxième passage. (*)
(*)
Une voix dite « en arrière » aura toutes les chances de réaliser – si
elle y parvient – son deuxième passage plus ou moins en gorge !
James
était ténor, cela ne faisait aucun doute. Effectivement, comme il me
l’avait expliqué, sa tessiture semblait tronquée. Quelques petites
vocalises réalisées ensuite m’en ont apporté la confirmation. Dans le
grave, il atteignait difficilement le si1 et, dans l’aigu, plafonnait
au sol#3 qu’il donnait « ouvert » et crié. Sa voix ne passant pas
correctement en registre aigu, les sons qu’il y émettait étaient plats
et lui coûtaient beaucoup !
« A mon avis, ce perpétuel effort constituait l’essentiel de son problème actuel et perturbait grandement son émission ! »
A
l’époque où tout allait bien pour lui, son deuxième passage se faisait
sans doute tout à fait naturellement, libérant un aigu qui ne lui
coûtait pratiquement rien et favorisant par la même occasion son grave
!
Plusieurs « fondamentaux » avaient bougés !
Son émission était donc à revoir entièrement, afin de faire ressurgir
les bonnes sensations qu’il avait auparavant. Ce genre de travail n’est
jamais très facile. Quand on a beaucoup cherché soi-même, sans contrôle
réel, on installe toujours de mauvais réflexes… souvent très difficiles
à déraciner !
Pour couronner le tout, comme
beaucoup de jeunes chanteurs en recherche de « devenir », et peut-être
aussi à cause de ses ennuis actuels, James était très nerveux… ce qui
aggravait encore les choses !
Heureusement, tout cela pouvait s’arranger, j’en étais certain !
Après
lui avoir exposé ce qui précède et ajouté que son problème était
parfaitement remédiable, je l’ai senti très soulagé ! Il savait enfin
ce qui « clochait » et surtout qu’une « guérison » était possible.
Il a insisté pour que nous fassions un « travail intégral » afin d’obtenir un résultat à la fois plus rapide et mieux intégré.
Voir le billet : « Le chant thérapie, un travail vocal intégral »
Les premiers cours
James
se savait très nerveux ! Or, dès le deuxième cours, radieux, il me dit
que les relaxations et le travail couché (taïchi et massages) lui
faisaient un bien fou. Contrairement à d’autres élèves, il a très vite
réussi à se détendre entièrement et à approfondir sa respiration. De
plus, il a compris et admis très vite que sa cambrure constituait pour
lui une gêne respiratoire certaine, d’où une coopération très active
aux exercices de taïchi que je lui proposais pour y remédier. Nous
avons notamment beaucoup travaillé pour assouplir le bas de son dos où
il entretenait inconsciemment de fortes tensions. (*)
(*)
L’intéressé ne s’en rend généralement pas compte et, très souvent par
souci de se tenir bien droit, il se cambre et pérennise ainsi le défaut
!
Comme dit plus haut, pour le corriger,
nous avions donc entrepris un travail spécifique pour détendre le bas
de son dos. Inclus dans le taïchi, il a consisté, succédant aux
massages décontractants, en une gymnastique respiratoire réalisée dans
des positions favorisant une meilleure ventilation dorsale.
L’équilibre pneumo-phonique
Il
a été assez vite mené à bien en position couchée. Après quelques leçons
seulement, des séries de cris et sirènes correctes étaient possibles !
Tout allait pour le mieux ! Les réactivations diaphragmatiques se
faisaient maintenant pratiquement normalement pendant le taïchi. En
vocalisation et en chant réel… ce serait une autre paire de manches !
Voir des précisons dans les billets :
« La technique vocale fondamentale »
« Les fondamentaux de la technique vocale ».
Gymnastique vocale
Elle
était particulièrement indiquée dans son cas pour continuer à améliorer
sa respiration dorsale et sa détente laryngée. Je lui en ai enseigné
progressivement tous les exercices. Beaucoup se font en position
penchée ; l’articulation très « large » qu’ils requièrent lui ont
permis, tout en fortifiant son articulation, de détendre l’ensemble de
son émission.
Voir le billet : « L’articulation dans le chant ».
Tout cela allait dans le bon sens et préparait activement notre travail futur !
Vocalisation plus spécifique
Tout
en continuant notre gymnastique vocale à chaque leçon, cette
vocalisation a surtout consisté, dans un premier temps, à réaliser des
attaques correctes. Faire retrouver à James la bonne direction vocale
n’a pas été une mince affaire ! Je me suis tout d’abord servi – comme
souvent – de la voyelle « ô ». Au tout début de notre travail, elle ne
trouvait aucune place de résonance et était chantée « hors masque »,
tubée et sans timbre.
Pour y remédier, je lui
ai demandé de réaliser de petites attaques (dans les bonnes notes du
médium) sur cette voyelle récalcitrante en la faisant précéder d’un « i
» : cela donnait donc « iô ». Je demandais ensuite à James d’allonger
la durée du « i » pour améliorer encore la direction de la voyelle. On
peut donc traduire les attaques ainsi réalisées par « iiô ».
Manière de procéder :
Il
ne faut, à mon avis, rien compliquer ! On peut se servir d’une mesure à
quatre temps, assez lente. Il s’agit de produire une note par temps
(donc des noires), sur « iiô », avec une très légère réactivation
diaphragmatique entre chaque note : attention aux inspirations
réflexes… elles ne doivent pas être des « lâchés de ventre » et se
faire sans aucun bruit ! Chaque « goutte » de « iiô » (jeu de mots
volontaire) doit être dirigée en direction du palais dur, juste à
l’arrière du nez. Si l’exercice est bien fait, très rapidement, les « ô
» se timbreront dans la bonne place. Tout d’abord chanté sur la même
note (sol2 était tout à fait indiqué pour James), l’exercice sera
ensuite monté par demi-tons, par exemple jusqu’à do3, puis redescendu
de la même façon jusqu’au mi2. (*)
(*)
L’essentiel n’est pas le challenge mais la qualité du travail. Il est
seulement indispensable que tous les sons émis « en gouttes » soient
dans la bonne place de résonance. L’ambitus donné plus haut (mi2 à do3)
suffit amplement pour fixer un ressenti valable.
Un
résultat satisfaisant étant acquis, on pourra compliquer l’exercice :
quintes ascendantes et arpèges d’accords de quintes serviront alors de
support. La qualité des attaques devra rester la préoccupation
première. (*)
(*) C’est d’elles seules que dépendra le maintien de la direction de la voix dans la bonne place vocale !
On
pourra ensuite (c’est ce que j’ai fait avec James) chanter, avec le
même souci de qualité d’attaques, différents arpèges… Je ne le dirai
jamais assez : la première note chantée (l’attaque) détermine toujours
la bonne exécution de l’exercice. Naturellement, au cours des arpèges,
une amorce de bâillement (ce que j’appelle un bâillement « poli » ou «
réprimé ») devra progressivement intervenir à l’approche du
haut-médium… mais sans jamais dénaturer la couleur initiale du « ô ».
(*)
(*) Chanter un « vrai » ô, plus ou moins bâillé selon la note à atteindre, est primordial !
L’enracinement de la voyelle « i »
Dans
les cours suivants, nous avons beaucoup travaillé la voyelle « i ». Je
ne m’attendais pas à de grands résultats immédiats mais, étant donné
l’importance de cette voyelle « directrice » dans la technique vocale,
j’avais décidé – profitant d’une place de résonance désormais assez
bien cernée - de « pousser » immédiatement ce « pion » délicat.
Voir des détails de ce travail sur « i » dans les trois billets suivants :
« La hauteur d’émission vocale »
« L’équilibre vocal »
« Comment rendre ma voix plus performante »
Cela
n’a pas été miraculeux d’emblée mais, assez vite, James a obtenu
d’assez bons résultats. Des « i » et des « é », non serrés et bien
enracinés étaient réussis un peu au-dessus du deuxième passage. Cela me
suffisait amplement.
Quelques modulations
Il
était temps de les mettre en chantier. J’ai commencé à faire travailler
mon chanteur sur « ô i ô i » : c’était logique et contribuait à aider
la bonne intégration de notre travail précédent. Nous chantions cette
modulation dans un ambitus d’une octave environ (mi2 à mi3). Cela
variait avec la forme du moment…
Progressivement,
nous avons abordé « â é â é â » et, de temps en temps, je tentais
l’exercice de « messa di voce » sur « â ». Celui-ci, très difficile,
n’était pour l’instant jamais chanté au-delà de ré3.
Diverses modulations et l’exercice de « messa di voce » sont expliqués dans le billet :
« Le cours de technique vocale type »
Amorce de deuxième passage
Je
m’étais vite aperçu, en faisant travailler James sur les arpèges
réalisés avec « ô » dont je parle plus haut, qu’à l’approche de la zone
de passage (aux environs de mi3), il frôlait la bonne réalisation de
celui-ci.
Ce n’est pas le cas de tout le monde !
Je
décidais donc, tout en lui demandant de bâiller davantage son « ô » à
ce moment-là, de pousser un peu la « machine » pour essayer d’atteindre
fa#3. (*)
(*) Le
danger d’une telle opération était un possible « tubage », limitant
l’épanouissement de la voyelle dans l’aigu par manque d’espace ! Le « ô
» - même bâillé - n’est pas une voyelle voyageant facilement dans
l’aigu. Néanmoins, profitant de la bonne maîtrise que James montrait à
ce moment-là avec cette voyelle, je ne risquais rien d’essayer.
Les
premiers essais ne furent pas entièrement concluants mais, très vite,
en lui demandant, au moment de la transition (mi3 à fa#3) d’amplifier à
la fois son enracinement et son bâillement, j’entendis se profiler une
couleur – encore un peu trop sombre cependant – qui prenait la bonne
direction.
James avait également perçu le « déclic ». C’était essentiel !
Dans
la foulée, tout en maintenant un très bon enracinement, je lui ai
demandé de transformer dans l’aigu le « ô » très bâillé que j’avais
entendu sur fa#3 en un son plus large et relativement plus clair : le «
â » de « âme »).
On peut qualifier le succès
d’immédiat ! Complètement « retournés », des sol3 et sol#3 pratiquement
corrects furent réussis à ce moment-là sur « â ». (*)
(*) J’entends par « retournés » que ces notes étaient passées en registre aigu de façon dynamique.
Au
cours de la même leçon, pour intégrer au maximum notre trouvaille, nous
avons chanté maints arpèges différents sur cette voyelle. Tous
aboutirent à une position d’aigu satisfaisante.
Notre « ouf » fut commun !
La bonne exécution de l’aperto-coperto, bête noire de nombreux chanteurs, avait été plus que frôlée…
L’essentiel
(le ressenti par le chanteur) ayant été atteint, il nous faudrait
maintenant peaufiner ce résultat plus que prometteur ; le « mécanisme »
de l’aperto-coperto permet aussi d’obtenir une voix plus claire, plus
aérienne, indispensable notamment en comédie musicale où le « naturel
vocal » doit primer ! Les sons devraient également être tenus… ce que
nous n’avions pas vraiment fait ce jour-là ! Nous allions devoir
maintenant nous atteler à cette tâche… ardue !
Voir l’article : « Que pensez-vous de la comédie musicale ? »
Le calme retrouvé
Il
était évident que James était devenu beaucoup plus calme au fil des
cours. Il arrivait souriant et détendu, prêt à conquérir le monde !
Devant ses progrès (assez spectaculaires, il faut bien le dire),
j’avançais l’idée que nous pourrions désormais « sauter » la relaxation
et le travail couché pour consacrer plus de temps à la vocalisation. Sa
mine dépitée me fit comprendre qu’il souhaitait au contraire continuer…
- Tu aimes bien te faire dorloter…
- Je me sens tellement mieux après ! Je ne suis plus le même pour travailler !
- C’est le but ! Tu te relaxes un peu chez toi ?
- Oui, j’essaie, le soir avant de m’endormir. Ce n’est pas aussi facile qu’ici…
- Persévère, tu verras… on y arrive très bien. Il faut essayer de le faire régulièrement.
- J’essaie.
Nous
avions réalisé, avec la bonne bascule dynamique du « â »
(Aperto-Coperto) au deuxième passage, une avancée décisive. Mon but
était maintenant – comme dit plus haut - de faire en sorte que James
apprenne à « éclaircir » son registre aigu… tout en respectant le
mécanisme d’Aperto-Coperto qu’il semblait avoir assez bien cerné.
Lorsqu’on a réussi à faire « tourner » la voix correctement, on doit
pouvoir l’éclaicir sans difficulté. Les « â », en registre aigu,
souvent assez sombres chez certains chanteurs d’opéra (notamment chez
les basses et les barytons à cause des personnages qu’ils incarnent)
peuvent être chantés beaucoup plus clairs lorsque le style l’exige…
sans que le procédé général n’en souffre ! L’Aperto-Coperto permet cela
! (*)
(*) Son
mécanisme acquis et bien exécuté, on peut colorer sa voix à sa guise.
Ecoutez Luciano Pavarotti chanter « Caruso »… ses aigus sont clairs et
pourtant en Aperto-Coperto !
http://www.youtube.com/watch?v=I8A61eY1Efg
Voir le billet : « L’aperto-Coperto… son approche technique »
Aperto-Coperto et clarté
Contrairement
à ce que je pensais, la suite de notre travail a été relativement
simple. James a pu, sans grande difficulté, éclaircir ses « â » en
respectant parfaitement le mécanisme de l’Aperto-Coperto !
Nous
avons travaillé sur des arpèges – de plusieurs formes et dans des
tempos différents - en alternant « â » « è » et « é ». Au tout début,
les voyelles « é » et « è » n’avaient pas la même qualité de résonance
que « â »… mais, en compensation, facilitaient la clarté de celui-ci.
Il a suffi d’accentuer leur bâillement pour corriger ce défaut.
Les tenues sur la zone de transition mi3/sol3
Nous
les avons travaillées en chantant tout d’abord des arpèges d’accords
parfaits assez rapides (lancés) avec point d’orgue sur la dernière note
! La voyelle « â », que James réussissait bien, a commencé la série !
Nous
commencions l’arpège – dans un tempo assez vif – sur ré2 pour culminer
en point d’orgue sur ré3. Puis l’exercice montait par demi-tons jusqu’à
obtenir un point d’orgue sur mib3/mi3/fa3/fa#3/sol3 (voire sol#3).
Parallèlement,
l’exercice de « messa di voce » était chanté de plus en plus haut. Le
but était de le réussir sur toute la zone de transition, deuxième
passage y compris. (*)
(*) Les chanteurs savent qu’il s’agit là de la pire difficulté technique qui soit !
Ce
fut notre travail principal, pendant un certain temps ! L’échauffement
bien ciblé étant terminé, nous nous attelions à cette tâche, ô combien
difficile mais… ô combien nécessaire et valorisante pour le chanteur !
Quand l’exercice de « messa di voce » est réussi sur la majeure partie
de la tessiture – notamment sur « â » -, les cours de technique vocale
ont atteint leur but… même un peu plus !
Les modulations diverses couvrant la zone de transition et le deuxième passage.
A
mon habitude, j’ai choisi pour James les trois modulations qui, à mon
avis du moins, sont les plus adaptées. Ce choix n’engage bien sûr que
moi !
Bas-médium et le médium (si1/do3) : â é i ô u ou on an â
Haut-médium et la zone de transition (do3/sol3) : â é i ô u i
Registre aigu (fa3/la3 - voire sib3) : i ou o (de Paul) â è
Note :
Les
modulations sont indispensables pour homogénéiser l’émission vocale ;
de surcroît, elles enrichissent considérablement le timbre. Quand elles
sont réussies – tout comme la « messa di voce – sur la majorité de la
tessiture (zone de transition comprise), d’énormes progrès deviennent
palpables !
Amadeus de retour !
James
a souhaité chanter à nouveau les airs de Mozart qu’il avait dû
abandonner. J’étais plus que d’accord ! Un bel air de référence de
cette qualité serait ce qu’il pouvait souhaiter de mieux !
Nous
avons choisi l’air de Don Ottavio (Don Giovanni) : « Dalla sua pace » !
Situé très souvent sur la zone de transition, il est particulièrement
difficile… à moins qu’on ne le chante entièrement en voix
mixte-appuyée, ce qui n’était pas, en l’occurrence, le but de
l’opération !
Epilogue
James
a maintenant retrouvé, non seulement toutes ses anciennes possibilités,
mais en a acquis beaucoup d’autres. Il est désormais parfaitement calme
et sûr de lui ! L’avenir nous dira s’il parvient à se faire une place
dans la « jungle » que constitue la « sphère » comédie musicale. Il en
a les moyens… il faut maintenant croiser « très fort » les doigts !
A bientôt ?
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Jean Laforêt