Chronique du 09 mars 2008
Blocage au ventre
Jérôme L. (Paris)
Bonjour, je viens de découvrir votre site très intéressant et je
souhaiterais prendre un rendez-vous pour un bilan vocal. J’ai
vingt-sept ans. Je chante avec ma guitare entre amis depuis maintenant
dix ans. La progression se fait très lentement et c'est d'ailleurs
seulement depuis un an que j'ai commencé à découvrir ma vraie voix.
Cependant un blocage au ventre m'empêche la plus part du temps de
saisir l'appui nécessaire pour pouvoir chanter convenablement et je
trouve que ma voix est très mal éduquée. Pourriez-vous me donner une
date pour un rdv ? Cordialement, etc.
Voilà
le mail que Jérôme m’a envoyé, il y a tout juste un an. C’est un garçon
gentil et sympathique, simple et souriant. Son bilan vocal devait se
révéler spécialement intéressant.
Jérôme
m’a notamment appris, à ce moment-là, qu’il était timide, anxieux,
angoissé et suivait une psychothérapie.
Il me dit ressentir un manque de souffle en chantant et, également,
parfois dans la vie courante. Il ajoute que sa voix se « casse » très
vite lorsqu’il chante et qu’elle devient rauque. Même en bonne forme,
il trouve ses graves faibles et ses aigus très serrés. Il insiste
surtout sur un très fort blocage, qu’il ressent au ventre quand il
chante mais aussi, quelquefois, à d’autres moments…
De
plus, il n’aime pas sa voix parlée. Il la trouve trop haute ! Son trac
est énorme et paralysant. Lorsqu’il doit chanter avec ses copains, il
se bloque complètement ! *
* Je note que son
débit de paroles est rapide et assez irrégulier. Certains mots sont un
peu « sacrifiés » par la voix qui s’estompe en fléchissant ou « mangés
» par la rapidité du discours. Je dois lui faire répéter certaines
phrases…
Pour moi, tous ces symptômes sont clairs :
«
Le problème de ce jeune homme n’est pas seulement respiratoire ou «
d’appui » comme il le pense, mais beaucoup plus profond ! Le problème
vocal n’est – en grande partie – que la conséquence du problème
général. »
Dès
le premier moment, j’ai été certain qu’un sérieux « mal-être » (assez
bien dissimulé) l’habitait tout entier et qu’il manquait cruellement de
confiance en lui-même. J’ai pensé aussi que seul un « travail vocal intégral » serait susceptible de lui donner cette confiance.
« Lire à ce sujet, pour une explication détaillée : « Le chant thérapie… un travail vocal intégral » *
* « Pour résumer, chaque
leçon comprend obligatoirement : relaxation, taïchi, gymnastique vocale
et naturellement vocalisation. »
C’était
le seul moyen – à mon avis - de venir à bout des « multiples facettes »
de son problème. Un simple cours de vocalisation, même très bien
construit, n’aurait pas été suffisant pour traiter toutes les
difficultés, très intriquées, qui l’habitaient. Jérôme a approuvé
l’idée de faire ce travail intégral, sentant confusément que j’avais
raison.
Au fil des jours…
Pendant les premières semaines, en plus du travail général, très
pointu, accompli à chaque séance, nous avons beaucoup parlé ! Il en
avait un grand besoin.
Jérôme s’exprime avec beaucoup d’exactitude et choisit ses mots. Un
jour, il me dit notamment que les gens qu’il côtoie fuient poliment sa
compagnie. Il a l’impression de s’accrocher à eux, de les gêner par son
contact… par « son besoin d’amour » !
-
Je peine énormément à établir le contact avec les gens. Je n’arrive pas
à accrocher, ma voix y est sans doute pour quelque chose ?
-
Oui, bien sûr, mais elle va beaucoup progresser en tonicité. De plus,
avec le travail complet que nous faisons, tu seras de moins en moins «
bloqué ».
« Sa voix était loin d’être seule en cause. Il en prendrait progressivement conscience. »
Quelque
temps après, Jérôme me confie qu’après chaque séance, il est beaucoup
plus détendu « de l’intérieur », plus apaisé et qu’il ressent les
choses différemment :
- Juste après le cours, sur le chemin du retour, je suis vraiment très
bien, complètement détendu et heureux ! Cela dure généralement jusqu’au
lendemain soir !
- Dans ces moments-là, ton « angoisse » est toujours présente ?
- Non, pas du tout. Tout est plus relâché, je flotte ! Même ma tête respire mieux.
- Elle te fait mal, parfois ?
- Non, mais… souvent les idées tournent sans arrêt. Je pense trop !
Assez vite, ce temps de « rémission » s’est allongé, devenant deux à
trois jours consécutifs, avec cependant d’inévitables petites rechutes
!
Le temps a passé.
Presque à chaque leçon, Jérôme me raconte sa semaine : ce qui a été bien et… ce qui a été moins bien.*
* Les progrès qui s’installent sont surprenants et variés.
Il m’apprend un jour – et cela me comble de joie - que son « blocage » au ventre diminue de plus en plus. Il ajoute :
- Parfois même, je l’oublie…
- Tu l’as un peu, maintenant ? -
- Pendant le cours ? Jamais !
- Tu es bien, ici ?
- Comme un poisson dans l’eau !
Bien entendu, sa respiration plus profonde, sa voix, qui se tonifie au
fil des semaines, nous aident à conforter sa confiance en lui. Devenant
plus efficiente parce que mieux posée, elle contribue grandement à
donner plus d’importance au personnage tout entier. Il est mieux
entendu, il « accroche » plus dans les prises de parole, son contact
avec les gens s’améliore. *
* Concrètement, « il ose davantage… » et commence à en prendre conscience !
- Je n’aurais jamais osé faire ceci ou cela !
- Et tu l’as fait ! Cela t’a coûté beaucoup ?
- Un peu, mais pas plus que ça.
- Ton blocage est présent dans ces moments-là ?
- Je le sens un peu, mais il ne m’arrête plus.
En un mot comme en cent, son stress est moins fort. Jérôme prend davantage « le dessus », de semaine en semaine.
Un jour, il m’apprend que, parallèlement, sa libido s’améliore. *
* Il m’avait confié avoir quelques petits soucis de ce côté-là.
Cela est normal et ne m’étonne pas. L’épanouissement profond d’une
personne touche tous les niveaux et la fonction sexuelle ne fait pas
exception, bien au contraire !
Concentration et mémoire
J’ai constaté également, au fur et à mesure des séances, que sa concentration se bonifiait. Pendant assez longtemps, il « décrochait » très souvent et je devais le « rapatrier » vers moi.
Soit en l’interpellant : « Reste un peu avec moi ! »
Soit en rectifiant verbalement certaines petites choses : « Tiens-toi droit, ouvre plus la bouche ! » *
* Pour l’obliger à refaire surface !
J’ai de moins en moins recours à cela, son attention s’est beaucoup renforcée !
Par voie de conséquence, sa mémoire
s’est fortifiée : dans les premiers mois, par manque de concentration,
il oubliait immanquablement certains détails de nos exercices. Tout
cela est du passé. Maintenant, non seulement il s’en souvient, mais il
les réalise parfaitement.
Important :
Sa statique s’est considérablement améliorée ! Il se tient beaucoup mieux… et pas seulement en cours ! *
* Cela indique qu’il ressent physiquement le besoin de se tenir droit, de ne plus abdiquer et d’être plus grand !
Autre point significatif :
Il « s’entend vocaliser » ! Cela peut paraître incroyable, mais il
n’avait qu’une conscience très limitée de sa voix. Il me disait, soit
avoir l’impression de crier, soit de ne pas s’entendre ! Tout cela
s’est aussi normalisé !
La voix parlée :
Pour favoriser et améliorer son contact « verbal » avec les gens, nous
avons travaillé (techniquement et à fond) une fable de La Fontaine : «
La laitière et le pot au lait ». Il montra beaucoup d’intérêt pour ce
travail complémentaire qui lui permis de parfaire son articulation, de
« s’écouter parler » (dans le bon sens du terme). Il a su très
rapidement par cœur cette fable assez longue, apprenant même
intégralement, dans la foulée, le très bel « épilogue moral » qui la
termine.
Le chant
Tout naturellement, progressivement, nous avons été amenés à chanter
des chansons à la fin du cours. Tout se passe assez bien. Cependant,
guitare en mains, les anciennes inhibitions vocales (elles ont la vie
dure) réapparaissent un peu. Il n’ose pas encore – dans ces moments-là
– donner normalement sa voix ! *
* Je devrais dire : se donner normalement !
Cela est une simple question de pratique : il doit s’habituer davantage
aux nouvelles possibilités qui sont les siennes ! Nous nous y employons
désormais de plus en plus !
Résultats
La première partie, « se trouver », semble acquise. Il faut maintenant finaliser la deuxième : apprendre à mieux « se projeter » !
Son fameux blocage, « de plus en plus absent », nous
cause de « moins en moins d’ennuis » ; bientôt, nos leçons porteront
encore davantage sur l’interprétation. Le plaisir de bien chanter fera
le reste…
Quand verrons-nous Jérôme sur scène ? Pas tout de suite… mais soyez certains que je vous en informerai le moment venu…
A bientôt ?
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Jean Laforêt